nothing but my aching soul {w/mara}

Quand Gaïa sort de l'Institut, le temps est toujours aussi gris et venteux mais l'humeur de la brune s'est améliorée. Devoir retourner au bureau et travailler sur cette affaire insignifiante lui parait moins ennuyant - mais a toujours le goût de corvée. Au moins, son investigation sur le meurtre de sa mère va peut-être connaître une avancée et la brune ne se réjouit pas - ce n'est pas son genre de vendre la peau de l'ours avant de l'avoir tué - mais elle a l'impression de faire quelque chose de bien. Que son monde tourne un peu plus rond - quand le divorce l'a méchamment ébranlé. C'est étrange de ne plus sentir son alliance autour de son annulaire. De ne plus savoir qu'un homme l'attendra chez elle en rentrant. Tout simplement de penser qu'elle n'a plus de place dans la vie de Brett. Elle n'a jamais voulu tout ça ; perdre sa chance d'un jour porter un enfant. Pourtant, tout ça parait moins étouffant avec la simple connaissance que le soir quand elle se couche, elle a rendu le monde un peu moins sombre. Alors, pour une fois, Gaïa décide de ralentir la course contre la montre. Son pas est tranquille dans les rues de Washington alors qu'elle regagne la station de police après être descendue du métro. Elle ne s'affole pas d'avoir depuis longtemps dépassé son heure de pause, d'être en pleine violation du règlement, d'avoir laissé seule sa partenaire quand elle doit toujours faire équipe avec elle durant leurs heures de service. Mais peut-être la direction ne serait-elle pas si affolée de la savoir loin de Mara si elle découvrait à quel genre d'exercice les deux femmes s'adonnent quand elles sont en tête à tête. Parfois à la station même. C'est une autre chose qui fait peu de sens pour Gaïa dernièrement. Sa relation avec Mara. Quand au début, elle supportait tout juste sa présence - la tolérait. Aujourd'hui, elle peut à peine être près d'elle sans sentir ce fourmillement dans ses doigts. Cette envie de la toucher, de passer ses mains dans ses longs cheveux roux, de l'embrasser avec passion. Elle essaie de nier son envie comme Mara essaie de cacher la sienne mais au final, elles finissent enchevêtrer l'un contre l'autre sans aucune honte ou retenue. Au début, c'était facile de prétendre que c'était un acte de colère, de rage, de frustration. Elles travaillent bien ensemble mais à chaque fois, elles frôlent le ravin de la crise de nerf. Mais les deuxième, troisième et énième autres fois. Comment les expliquent-elles celles-là ? Gaïa ne s'est jamais posé énormément de question sur son orientation sexuelle et ne traverse pas une crise d'identité. Mais elle aimait Brett. Aime Brett ? Elle ne sait plus. Cette relation parait simplement malsaine. Même pour elle, la tête brulée qu'on accuse souvent d'être imprudente si ce n'est folle de se jeter dans la gueule du loup. C'est pour toutes ces raisons - ces doutes sans réponse - que Gaïa ne se précipite pas à la station. Elle prend son temps pour discuter avec l'agent d'accueil, pour savoir s'il y a eu une avancée sur l'affaire de Sam. Rien, lui répond-on. Elle grimace avant d'aller affronter l'inévitable. Gaïa s'avance à pas mesurés vers le bureau de Mara et frappe doucement contre le panneau. "Je suis rentrée," déclare-t-elle sans même oser la regarder droit dans les yeux ; l'envie de s'enfuir le plus vite possible. Pourtant, sa confiance professionnelle la pousse à demander : "Rien de spécial ne s'est passé pendant mon absence ?"