( room for many, room for few ) ⌇ hm

”Lamps will glimmer on the gloom prey on the light
in the room as we fill it to the brim
We say the words we take them in
@agnes obel.”

une brise fraiche vint caresser ses joues endolories par le froid, jill n'y était plus du tout habituée. le froid s'agrippait à son corps, à chaque petite parcelle découverte de son corps, elle avait toujours été frileuse, encore plus depuis son retour. à croire que le monde était gris, tant qu'elle ne retrouvait pas le réel coupable, son monde se résumait à froideur et pluie. le soleil était une mince illusion à laquelle elle n'avait pas le droit de se raccrocher, les belles promenades dans les rues de washington, les rêves d'une adolescente, tout ça s'étaient envolés, comme le reste des rêves de la blonde. elle faisait face à présent à son destin et les conséquences de sa vie passée. c'était difficile et elle n'était pas sûre d'être assez courageuse pour faire face aux nombreux regards accusateurs, car quelques personnes se rappelaient, ils se rappelaient de ce qu'elle avait été autrefois et de ce qu'elle était maintenant. un oiseau brisé, enfermé dans sa cage rouillée, pourtant elle voulait apprendre à voler, à s'enfuir de ce monde noir qu'elle s'était façonnée indirectement. elle avançait vers le petit bar avec un mince espoir que cette rencontre changerait sa vie présente, que son ancienne avocate lui changerait la vie, comme elle lui avait sauvé il y a quatre ans de ça. jamais elle n'avait failli, jamais elle ne l'avait lâché, et pour ça jill lui en était éternellement reconnaissante. la blonde s'était construite cette vie avec de constantes barrières à surpasser, dans le passé la peur n'avait pas été un mot dans son vocabulaire, à présent il était plus qu'un mot employé, il était devenu part de son caractère. on avait pu lire des traits de surprises sur son visage lorsqu'elle avait lu le mail de hera, elle ne s'y était pas vraiment attendue, mais c'était une bonne nouvelle, rare de nos jours. lorsqu'elle arriva devant le penn social bar, elle s'assit à l'intérieur commandant un cocktail non-alcoolisé, elle ne buvait plus, elle devait faire face à ses démons du passé complètement sobre. Lorsqu'on lui amena la boisson elle regarda dans les alentours avant de jeter un regard vers l'extérieur, des passants passaient, regardaient la vitrine, fumaient, rigolaient, alors qu'elle était seule, se reposant dans cet endroit chaleureux. elle n'y avait pas encore mis les pieds, l'ancienne jill n'appartenait pas à ce genre d'endroit, et jamais elle n'y appartiendrait, elle était trop inconnu à ce monde. un monde riche qui sciait à celui de sa famille, mais pas au sien. lorsqu'elle vit, après quelques minutes, entrer hera dans le bar, elle se leva un sourire sur les lèvres tout en lui faisant signe. sans attendre de lui dire bonjour, jill l'a pris dans ses bras, elle lui devait une vie libre après tout. "I'm so happy to see you Hera." des mots sincères, des mots rares sortant de la bouche de la blonde. "It was a long time ago since i saw you last time." Jill avait changé physiquement, comme mentalement, elle n'était plus aussi faible qu'à l'époque, elle s'était endurcie et elle espérait qu'on pouvait le voir. elle s'assit attendant qu'hera fasse de même.

Call me as soon as you cas, Hera. Elle rangea son téléphone portable dans son manteau, souffla pendant de longue seconde, s’accouda à son bureau et plongea son visage dans ses mains. Cette femme, la deuxième dans le rang d’accession au trône Marshall,  elle avait perdu goût. Goût à la vie. Une routine prenant le pas sur une autre, tel était le monotone quotidien de cette avocate ayant pourtant choisit ce métier par vocation avec l’espoir que des dizaines de rebondissements rythmeraient sa vie. Quelle déception. La seule et unique personne à ce jour capable de lui donner un tant soit peu l’envie de continuer, c’était lui, Paul. Et là encore, le ciel était gris. Comment pouvait-elle ne pas s’arrêter là si sa seule et unique source de motivation et d’envie ne lui procurait plus à son tour ce dont elle avait besoin ? Hera avait donc l’espoir qu’en envoyant ce message à son petit-ami –officieusement-, elle pourrait discuter avec lui de tout ce qui pouvait la tracasser. Il était midi passé. L’heure d’aller déjeuner au restaurant du coin comme elle avait pour habitude de le faire, or, aujourd’hui elle avait brisé son éternel quotidien en ayant donné rendez-vous à une de ses ancienne cliente dans un bar convivial, le Penn. Elle enregistra une dernière fois son document de plus de cinq pages rédigé ce matin même, l’audience avait lieu l’après-midi même. Elle se savait en mauvaise posture, le cabinet opposé était sans grande surprise les Fawkes. Au vu de son attitude, sûrement ne ferait-elle pas long dans ce tribunal avec une motivation telle qu’elle fut à cet instant. Elle finit par enfin sortir de son cabinet saluant au passage l’un de ses collègues pour qui elle avait beaucoup d’estime, celle-ci vivait seul avec une gamine de quelques mois à sa charge  et sans nouvelle du père. Hera lui avait à nombreuses reprises conseillé de rester chez elle, mais ayant horreur qu’on s’apitoie sur son sort, avait refusé. Dès lors qu’elle poussa la porte d’entrée, un vent frais glissa le long de ses jambes nues et ébouriffa quelques peu ses cheveux bruns. Quelques pas sur les trottoirs, une rue assourdissante, des klaxons ici et là, des hommes pressés qui courent le long des bâtiments. Le froid persistait au dehors et l’avocat s’empressa d’entrer dans ce bar, la façade de bois avait été vernie et les touches de rouges habillaient aussi bien la devanture que les intérieurs. Cet environnement vintage rendait l’endroit convivial et sympathique, idéal pour un lieu de rendez-vous. Elle parcourut la salle du regard et la tignasse blonde de Jill attira son regard, sans plus attendre, elle alla vers celle qu’elle considérait à ce jour comme une amie et lui fit un large sourire, en guise de cadeau de (re)bienvenue. "I'm so happy to see you Hera." Cette phrase ne sonnait pas faux, ce lien si profond qu’elles s’étaient construites était à l’évidence, très sincère. « I’m glad you came, Jill. » Ces échanges aussi simples soient-ils remémoraient à Hera toutes les fois où elles s’étaient vues, au cabinet, dans la salle de travail, à l’audience. "It was a long time ago since i saw you last time." Plusieurs années s’étaient écoulées depuis leur dernière rencontre. En apprenant que la jeune femme était revenue à la capitale, la jeune femme avait sauté sur l’occasion. « Yes it was. » L’avocate prit place sur la banquette de cuir rouge et déposa également son manteau sur celle-ci, un large sourire aux lèvres. « I knew that you came back to Washington, where were you all this time ? »