lonely cat (Gaby)

Trayvon avait terminé sa journée. Ce qui était bien de travailler pour un journal indépendant, ce qu'il pouvait écrire et envoyer ses articles de n'importe où : du premier Starbucks qui laissait son Wi-Fi ouvert sur son portable imac,  ou du tram de métro menant à l'autre bout de Washington sur son téléphone portable. Cela faisait maintenant quelques semaines qu'il avait terminé son article sur les avocats spécialités dans le droit à la personne. Plusieurs semaines qu'il avait fait un portrait de l'avocat Gabriel Anderson. Trayvon travaillait à présent sur des malversations au congrès. Son dernier indic lui avait donné rendez-vous dans le quartier où habitait l'avocat. Il l'avait laissé à un coin de rue entre deux épiceries pakistanaises.  Cela lui sembla donc évidant alors qu'il vérifiait son portable de venir remercier Anderson pour son interview. Son article lui avait fait gagné des nouveaux followers et avait affolé la toile. Trayvon en s'approchant de l'appartement de Gabriel se disait qu'il aurait du venir taper à sa porte avec une bouteille de vin pour le remercier. Un vin français, mais il ne s'y connaissait pas. En grimpant l'escalier, le journaliste commença à entendre des miaulements. Et, en montant la dernière marche, il reconnu aussitôt, Lucifer, le chat du quarantenaire. Il le reconnu car lors de son interview, Gabriel l'avait reçu chez lui. Trayvon ramassa l'animal et commença à le caresser, car il avait toujours aimé les animaux. Même si en s'approchant de l'appartement de l'avocat, ce n'était pas le chat qu'il voulait caresser. Trayvon avait lors de son interview pas manqué de montrer son intérêt.  Il trouvait qu'il avait un sourire d'ange. Il trouvait l'avocat très séduisant et était bien décidé à revenir à la charge ce soir. Le journaliste n'était pas du genre à abandonner surtout quand un homme lui plaisait. Il frappa finalement à la porte de l'appartement de Monsieur Anderson et quand la porte s'ouvrit, il lança « Bonsoir, Monsieur Anderson, cela ne serait pas votre chat ? »  avec un immense sourire séducteur « Je vais commencer à croire que vous faites exprès pour que je revienne vous voir ? » et en français, monsieur.  

Aujourd'hui, ma journée de travail était terminée et je me délassais chez moi. Je repensais à ce qu'il s'était passé il y avait quelques jours, un journaliste avait réalisé un portrait de moi. Non, mais vous vous rendez compte...quelqu'un a trouvé que je ferais un sujet intéressant. Sincèrement, je ne pensais pas que ma vie était aussi passionnante. Bon, son article portait sur les avocats spécialisés dans le droit à la personne, ma branche, mais il y a des centaines d'autres avocats comme moi. Ceci étant, je ne vais pas m'en plaindre et puis, cela fait de la pub pour le Cabinet, donc c'est tout bénéf comme on dit. J'étais assis dans un des fauteuils de mon salon lorsque je me rappelais que je n'avais toujours pas donné à manger à Lucifer. Je me levais et allais remplir sa gamelle puis, je l'appelais.

- Lucifer ? Lucifer, tu viens ? Aller, saleté de chat, où est-ce que tu es passé encore ?

Non, rassurez-vous, je ne m'attendais pas à une réponse, mais d'habitude, il entend le sac de croquettes et il rapplique en quatrième vitesse et là...rien, cela veut donc dire qu'il n'est pas dans l'appartement. Je m'apprêtais à aller le chercher lorsqu'on frappa à la porte. Je l'ouvris tout en me demandant qui cela pouvait-il être puisque je n'attendais personne ce soir. Un jeune homme se trouvait de l'autre côté et tenait Lucifer dans ses bras. Il ne me fallu pas très longtemps pour reconnaître le journaliste de l'autre jour. Lorsqu'il s'exprima, c'était en français, je décidais donc de lui répondre de la même manière.

- Bonsoir. En effet, c'est bien Lucifer. Merci de me l'avoir ramené.

Je pris le chat dans mes bras et le tenais contre moi tandis que le journaliste continuait de parler. Je haussais un sourcil face à sa déclaration. Son sourire se voulait certainement séducteur, mais sérieusement, il a quoi...vingt-et-un, vingt-deux, voir vingt-trois ans à tout casser...qu'est-ce que vous voulez que je fasse de lui ? Il sort à peine de l'enfance. Alors évidemment c'est très flatteur, mais je ne voudrais pas qu'il se fasse des idées.

- Ah bon ? C'est ce que vous pensez ? Pourtant, je vous assure que ce n'est pas le cas. Enfin, j'aimerais tout de même vous remercier pour Lucifer, ce bandit s'échappe très souvent en ce moment. Vous voulez entrer prendre un verre ?

Je me souviens que pendant l'interview, il avait tenté de me séduire. J'ai bien dit "tenté", je n'ai pas dit que cela avait marché. Je suis bien élevé, voilà pourquoi je veux le remercier de m'avoir ramené mon chat, ce sont des choses qui se font entre gens civilisés, n'y voyez rien de plus.

J'étais content d'entendre Gabriel parler en français. J'avais toujours l'habitude de parler avec mon père dans la langue de molière, mais j'avais perdu quelques notions avec les années et que cela vous surprenne ou non, je n'étais jamais allé en France. J'étais né aux états-unis et mon père ne m'avait jamais ramené sur la terre des mes ancêtres. J'étais content aussi de ramener Lucifer à son propriétaire. Je lui tendis l''animal avec un grand sourire.

Je vis dans le regard de l'avocat que mon jeune âge avait quelque chose de dérangeant. Je me souvenais encore de la fois où j'étais venu lui faire son interview. Nous n'avions parlé que par mails et quand nous nous sommes enfin rencontrer, j'ai du bien le surprendre  dans ce parc. Il a du me pendre pour un jeune venu faire du skate.

Je me sentais pas du tout refroidi par sa réponse. Oui, j'avais vingt-trois ans et il avait quarante et plus. Surtout, qu'il devait faire fondre les femmes, de sa façon de passer la main dans ses cheveux. Mais, moi, rien ne m'arrêtais, au contraire. J'entrais car j'allais bien-sûr accepté ce verre de remerciement.

-  Je veux bien merci. J'ai bien attendu deux-heures un indic sur un trottoir. Je suis trempé et frigorifié.

Ce fut à mon tour de passer ma main dans mes cheveux. Je pensais pas lui plaire plus que lors de notre interview. Il m'avait clairement renvoyé dans les cordes, mais moi j'aimais ça. Un combat est encore plus intéressant à mes yeux s'il semble perdu d'avance.

-  Vous auriez une serviette pour moi ? Si je ne demande pas trop ?

Il faut dire que je ne portais qu'une chemise et aucune veste. Je n'avais pas peur d'attraper la mort. Je déboutonnais ma chemise l'air de rien. Je passais une main sur mon torse humide par la pluie de Washington. Je découvrais un torse d'homme. Les pectoraux taillés et les abdominaux dessinés. Un corps d'ange tombé du ciel. Quoi, je me vante ? Je suis bien fait, c'est tout. Il n'y a pas de vantardise, juste dire ce qui est vrai.

- J'espère que je vous dérange pas ? Peut-être que vous êtes en charmante compagnie ?

Bien-sûr, c'était une question piège, pour en savoir plus. Lors, de l'interview j'avais appris qu'il était célibataire, mais je n'avais pas plus fouillé. Cela aurait été discourtois et je n'écris pas des articles pour la presse à scandale. J'étais venu pour son travail et non sa vie sexuelle. Mais, maintenant, je le pouvais.